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Cloé

Tout savoir (ou presque) sur les Solutions fondées sur la Nature

Dernière mise à jour : 21 juil. 2022

Les changements climatiques constituent l’une des plus grandes menaces pesant sur le vivant. La lutte pour limiter ses effets représente aujourd’hui un défi sociétal crucial tant pour les populations humaines que pour les activités socio-économiques et pour la protection de la biodiversité.


La nature joue un rôle fondamental pour l’humanité en fournissant des services, dits écosystémiques, permettant la survie et le bien-être humains. De plus, par ses processus écologiques et évolutifs, la nature est également régulatrice du climat dans lequel nos sociétés ont pu se développer. En effet, les écosystèmes marins et terrestres participent aux échanges de flux entre biosphère et atmosphère et sont ainsi des acteurs essentiels du cycle du carbone, de l’eau et de l’azote. Ils constituent également les principaux puits de carbone face aux émissions anthropiques, permettant une séquestration brute de 5,6 gigatonnes de carbone par an. En particulier les écosystèmes marins dont les océans qui ont une capacité de stockage de chaleur très efficace (93%) et bien supérieure à celle des continents (3%) et de l’atmosphère (1%). Cet excès de carbone absorbé par les océans présente des conséquences graves sur les propriétés dynamiques de l’océan, sur ses échanges avec l’atmosphère et sur l’ensemble des écosystèmes marins. Ainsi, les rétroactions entre climat et biodiversité sont à l’origine de l’environnement et ses dynamiques.


Source : Agence Française de Développement


Cependant, les scientifiques sont unanimes, la biodiversité et le climat sont altérés de manière significative par de multiples facteurs humains. Selon l'International Panel on Biodiversity and Ecosystem Services (IPBES), les cinq causes majeures identifiées de l’érosion de la biodiversité sont :

  • la destruction, la fragmentation et l'artificialisation des milieux naturels,

  • la surexploitation ou les pratiques de gestion non durables des ressources naturelles,

  • le changement climatique,

  • les pollutions des océans, des eaux douces, du sol et de l’air,

  • l’introduction et la propagation d’espèces exotiques envahissantes.


Aujourd’hui, une grande majorité des indicateurs d’écosystèmes et de biodiversité connaît un déclin rapide à travers le globe. Les variétés de plantes et d'animaux ne cessent de disparaître et la Liste Rouge de l’Union Internationale de Conservation de la Nature (UICN) alerte sur l’état de conservation global de la faune et de la flore.

Cette perte majeure de diversité, y compris de diversité génétique et couplée aux pressions grandissantes engendre des effets rétroactifs sur le climat et de lourdes conséquences sur nos moyens de subsistance, notre qualité de vie et notre économie.


Alors que la plupart des recherches d’adaptation relèvent de la transition énergétique, pourquoi ne pas chercher des solutions reposant sur celles offertes par les écosystèmes ?


Le concept de Solutions Fondées sur la Nature a émergé lors de la conférence des Parties de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) en 2009 à Copenhague. A cet égard, l’Union Internationale de Conservation de la Nature (UICN) a défini ces solutions comme “les actions visant à protéger, gérer de manière durable et restaurer des écosystèmes naturels ou modifiés pour relever directement les défis de société de manière efficace et adaptative, tout en assurant le bien-être humain et en produisant des bénéfices pour la biodiversité." L’atténuation des changements climatiques grâce aux Solutions fondées sur la Nature est ainsi liée à la capacité de captation et de stockage du carbone par les écosystèmes.


Source : Comité Français de l'UICN


Elles se déclinent en trois types d’action …

  • la préservation d’écosystèmes fonctionnels et en bon état écologique,

  • l’amélioration de la gestion d’écosystèmes pour une utilisation durable par les activités humaines,

  • la restauration d’écosystèmes dégradés ou la création d’écosystèmes


… et doivent satisfaire deux exigences principales :

  • contribuer de façon directe à un défi de société identifié, autre que celui de la conservation de la biodiversité,

  • s’appuyer sur les écosystèmes et présenter des bénéfices pour la biodiversité


Le concept a pris de l’ampleur au fil des années. C’est à l’issue de la COP21, puis en 2016, à l’occasion du Congrès mondial de la nature, que la place des Solutions fondées sur la Nature (SfN) dans l’atteinte des objectifs de développement durable et notamment dans l’action climatique a réellement été reconnue au niveau international, à la fois dans l’Accord de Paris, mais aussi grâce à l’adoption de la motion de définition des Solutions fondées sur la Nature.

En France, le nouveau Plan National d’Adaptation au Changement Climatique (PNACC 2) et le nouveau Plan Biodiversité (2018) promeuvent l’utilisation des Solutions fondées sur la Nature. Le projet intégré Accroître la Résilience des Territoires au changement climatique par l’Incitation aux Solutions d’adaptation fondés sur la Nature (ARTISAN) développé par l'Office Français de la Biodiversité (OFB) a été lancé pour favoriser la mise en œuvre de ces plans. En outre, les Solutions fondées sur la Nature étaient également très présentes dans les récentes manifestations internationales lors de la COP 26 où Lord Goldsmith, ministre de l’environnement britannique annonçait que “les solutions fondées sur la nature représentent environ un tiers de la solution pour l’accord de Paris. C’est pourquoi le Royaume-Uni a choisi de placer la nature au centre de la campagne pour le COP 26" et du Congrès mondial de la Nature à Marseille en septembre dernier où l’Assemblée des Membres de l’UICN a adopté trois motions portant sur les SfN en rappelant l’importance de leur accorder la priorité des investissements.

En 2020, l’UICN a lancé le premier Standard mondial, offrant un premier référentiel aux Solutions fondées sur la Nature afin d’encourager le déploiement de solutions pour atteindre les objectifs mondiaux en matière de climat, de conservation et de développement. Ce standard comporte huit critères et des indicateurs associés, qui permettent aux évaluateurs de noter la pertinence, l’échelle, la viabilité économique, environnementale et sociale d’un projet; de prendre conscience de ses enjeux; d’assurer la transparence et la gestion adaptative des projets; et d'explorer les liens possibles avec les objectifs et engagements internationaux.


Pour quels bénéfices ?

  • Pour la biodiversité, les SfN oeuvrent à la protection, restauration et gestion durable des écosystèmes afin de favoriser leur résistance et leur capacité à rendre des services.

  • Pour le climat, les SfN ont un rôle efficace dans l’adaptation au changement climatique et la réduction des risques naturels.

  • Pour les territoires, les SfN se traduisent par des actions à échelles différentes qui réduisent leur sensibilité au dérèglement climatique, les rendant ainsi attractifs. En effet, ces solutions sont avant tout conçues pour préserver le capital naturel et favoriser la résilience des territoires tout en sécurisant les filières économiques.

  • Pour les sociétés humaines, les SfN permettent de générer des co-bénéfices en soutenant l’adaptation au changement climatique, tout en répondant aux enjeux de santé, de protection contre les catastrophes naturelles, de sécurité alimentaire ou encore d’accès à l’eau.


Source : UICN


Pour quelles expériences dans les territoires ?


Les Solutions fondées sur la Nature ont la particularité d’être transversales puisqu'elles abordent les problématiques du climat et/ou des risques naturels et de la biodiversité au sein des mêmes projets. Ces solutions nécessitent donc une planification territoriale avec une large association des acteurs locaux et la mise en place d’un processus de gouvernance permettant de partager et concilier les objectifs des projets.


Afin d’être efficaces et de produire des résultats significatifs, les SfN doivent être mises en œuvre à une échelle spatiale suffisante et sur le long terme, comme le souligne le Comité Français de l’UICN. En effet, les bénéfices générés par la protection, la gestion durable ou la restauration des milieux naturels ne sont pas toujours perceptibles de façon immédiate et les actions mises en place doivent prendre compte une superficie permettant un fonctionnement optimal des écosystèmes.


De nombreux projets ont déjà vu le jour en métropole et en Outre-mer. Parmi lesquels la préservation des dunes sur le littoral aquitain, la restauration de tourbières dans le Jura, la préservation de prairies inondables de fauche en vallée de l’Oise ou encore la création d’îlots de fraîcheur à Orléans. Concernant ce dernier, la ville d’Orléans avait pour objectif de maximiser la présence du végétal en ville pour réduire les îlots de chaleur urbaine. Pour ce faire, elle a utilisé les différentes politiques dont la ville s’est dotée comme le plat biodiversité, le plan climat énergie territorial, la gestion écologique des espaces verts, le plan local d’urbanisme et y a introduit des éléments permettant de protéger les espaces verts en place ou d’en créer de nouveaux. Cette initiative a permis d'améliorer la qualité de vie des habitants avec des zones de nature en ville, de protéger la ressource en eau et d’améliorer la régulation climatique locale et la qualité de l’air.


Afin de poursuivre la promotion et le déploiement de ces solutions, le Comité Français de l’UICN continue d’identifier et de valoriser des initiatives en cours sur les territoires.



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